DUERPen paysage : mieux appréhender les risques
La réalisation du document unique d’évaluation des risques professionnels est l’occasion pour l’employeur d’établir un diagnostic à 360° de toute son entreprise, avec le soutien de la MSA prévention. Retour sur des actions nationales et de terrain.
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Si le Code du travail, depuis 2001, impose à l’employeur une évaluation des risques pour la santé et la sécurité de la main-d’œuvre (salariée, apprentie, stagiaire…), les plans d’action de prévention sont loin d’être généralisés pour les entreprises des jardins et espaces verts. Il est vrai que les employés interviennent majoritairement hors des murs.
Le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP, couramment dénommé DUER) est rébarbatif et complexe à établir. Le site de la Mutualité sociale agricole (MSA) https://ssa.msa.fr/tous-les-documents est accessible pour consulter tous les éléments indispensables à sa réalisation, à commencer par la nouvelle brochure multifilière, qui est téléchargeable depuis 2020. Le service santé sécurité au travail en agriculture (SSA) de la MSA est en première ligne afin d’accompagner les paysagistes, au travers de rencontres collectives ou en face à face.
Guide méthodologique, brochure et fiches
Les supports réalisés par la caisse de MSA de Loire-Atlantique et Vendée, diffusés nationalement, sont le fruit d’un constat de son équipe de prévention : les brochures existantes étaient trop compliquées ou incomplètes pour nombre de structures agricoles, ou encore inadaptées aux PME et TPE. Un comité de pilotage pluridisciplinaire (médecine du travail, infirmerie, conseil en prévention) a collaboré avec tous les conseillers de la caisse afin de rédiger plusieurs outils combinés :
- une brochure d’aide au repérage des situations à risque : accidents les plus courants et solutions ;
- un guide et des outils méthodologiques pour la démarche de prévention : identification des risques, évaluation, programme d’actions, mise en œuvre, évaluation, actualisation ;
- des fiches pour toutes les situations à risque, les mesures de prévention proposées et les actions génériques à engager. Elles sont élaborées par métier ou filière. Ainsi, la fiche « Jardins espaces verts » du guide conçu par la MSA 44-85 comprend sept feuillets déclinant l’environnement général de travail, le poste administratif, le stockage, l’entretien en atelier, la circulation, la taille, la tonte, le débroussaillage-nettoyage, l’élagage, le travail au sol, la création-maçonnerie paysagère, les traitements phytosanitaires.
Une déclinaison en version informatique est prévue au cours de l’année 2021 afin de gérer l’utilisation de ces fiches.
Un nouveau regard
Grâce à l’établissement du DUER, un nouveau regard peut ainsi être posé à un instant t par le paysagiste sur son activité, en se penchant sur l’organisation du travail, la préparation des chantiers, le matériel et les bâtiments. Deux critères sont essentiels : l’estimation de la fréquence du risque et celle de son degré de gravité.
Par ailleurs, via l’intranet de l’Union nationale des entreprises du paysage (Unep), les adhérents peuvent disposer d’un modèle de document unique, validé avec la MSA et le concours d’un spécialiste en assurance car il faut intégrer la notion de responsabilité du chef d’entreprise. Ce DUER est accompagné d’un guide explicatif. Toutefois, durant le premier confinement, l’Unep a décidé finalement d’ouvrir à tout le monde l’accès à ce document, comme à d’autres notes ou informations normalement réservées aux adhérents, afin de soutenir toute la profession dans ce moment très exceptionnel. L’autre objectif : faciliter la mise en conformité des process internes. Le DUER continue d’être en accès libre, avec certaines annexes.
En garde rapprochée
Séverine Giacomini, conseillère en prévention de la caisse MSA de Maine-et-Loire depuis 2007 pour le paysage, part le plus souvent de la demande d’entreprises désireuses de bien appréhender les principes du DUER. « Je leur propose en premier lieu de prendre connaissance de la brochure de mes collègues de Loire-Atlantique et Vendée, bien adaptée pour les PME-TPE. La difficulté, c’est l’écriture, la traduction du quotidien sur papier. Dans les petites entreprises de paysage, le problème est que le patron n’a pas le loisir de passer du temps devant son ordinateur. C’est pourquoi mon approche a évolué depuis deux ans vers des rencontres physiques. Je peux mieux identifier où cela pèche, quels sont les risques majeurs et effectuer une piqûre de rappel. »
Les accidents les plus fréquents se produisent avec le taille-haies, surtout sur les échafaudages car ces derniers sont installés aussi dans les jardins des particuliers. Le travail en hauteur s’avère toujours une situation délicate.
Mieux préparer les chantiers et échanger avec les salariés
La préparation du chantier est un point crucial, pour donner des consignes lorsque se produit une panne de matériel, par exemple, ou pour baliser le site d’intervention. Par son envergure, il se rapproche parfois d’un chantier forestier. Un parcours préalable éviterait ainsi de repartir chercher du matériel.
Séverine Giacomini poursuit : « Une bonne préparation dépend de l’organisation de l’entreprise et de sa communication avec les salariés. Elle est d’autant plus utile que, à l’instar des artisans, les paysagistes ne peuvent pas toujours prévoir le déroulement ni la durée d’un chantier. Les tâches sont réalisées surtout en fonction de la météo. Il faut donc donner une certaine souplesse aux exécutants. »
Exemple d’une initiative efficace mise en place par une entreprise de Maine-et-Loire : un tableau où sont affichés tous les chantiers programmés de la semaine. C’est plus confortable et cela permet des échanges éventuels entre salariés. Les anciens sont susceptibles de transmettre de bons réflexes, comme de penser au nettoyage en fin de chantier.
Les risques sont multiples, alors que dire des nouveaux dangers, apparus lorsque les paysagistes prennent de la hauteur lors de projets de végétalisation verticale ? Le néologisme anglais est « the flying gardeners », soit les jardiniers volants.
Linda Kaluzny-PinonPour en savoir plus :
- https://ssa.msa.fr/document/un-guide-multi-filieres-pour-levaluation-des-risques
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